Message de Pâques

Signé Christine Doucière

Pâques 2024

Un jardin, au lendemain du grand Seder de la Pâque.

Marie-Madeleine se rend au tombeau ; la pierre est roulée. Elle court avertir Simon-Pierre et Jean qui s’élancent au tombeau. Vide.

Trois témoins sont là, présents ce matin, premier jour de la semaine.

Marie-Madeleine donne une explication tout humaine : « Ils ont enlevé le Seigneur et nous ne savons pas où ils l’ont mis. »

Pierre n’y comprend rien, perplexe à la vue du tombeau vide.

Et Jean, qui voit et croit.  

Qu’a-t-il vu qui lui permet, à lui, de croire. De croire que le Christ est ressuscité. Qu’il est vivant. Qu’est-ce qu’il a vu ?

En fait, rien. Il n’a rien vu d’autre que ce que les autres ont vu. Il a vu la pierre roulée comme Marie-Madeleine l’a vue. Il a vu le tombeau vide. Les bandelettes et les linges à leur place, comme Pierre les a vus. Mais Jean les voit autrement, parce qu’il est le disciple que Jésus aimait.  Le disciple que Jésus aimait ? Est-ce que cela veut dire que Jésus aimait plus ce disciple que les autres ? D’accord, Jésus a été vrai homme et il est possible qu’il ait eu plus d’affinités, une proximité plus grande avec ce disciple-là. Mais cela signifie peut-être aussi autre chose, cela veut dire que ce disciple-là est celui qui s’est le plus, le mieux laissé aimer. Celui qui a le mieux accueilli l’amour du Christ. Et c’est de se savoir aimé, d’être aimé, qui lui permet de voir les choses autrement, parce qu’il les voit avec les yeux de l’amour reçu.  Il a dû saisir qu’il n’était pas possible qu’on ait enlevé le corps de Jésus et que le linge comme le linceul soient restés en place. Ça n’est pas crédible et pourtant…

 

C’est un signe : il voit et il croit. Ces signes-là Pierre les a vus aussi, mais ils ne lui ont rien dit, ils ne lui ont pas parlé. Pierre ne voit que l’absence. La preuve qu’aucun signe n’est capable de donner la foi à quelqu’un qui ne croit pas. Et pour croire, il faut quelque chose de plus. Quelque chose qui est justement à chercher du côté de l’amour.

 

Du reste, nous ne voyons pas l’amour de ceux qui nous aiment. On n’en voit que les signes. Qu’il faut savoir déchiffrer … non sans risque d’erreur parfois. Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Comment comprendre son geste ? Tous, tôt ou tard, nous avons dû faire l’expérience d’un signe mal compris, d’un geste mal reçu ou d’une parole mal interprétée, alors qu’on voulait être proche.  Il faut beaucoup d’amour pour que les messages échangés soient perçus dans leur pleine et juste signification. Mais alors, quand il y a cet amour, les signes parlent. C’est pour cela que la pierre roulée, le tombeau vide, les linges bien rangés n’ont été compris que par celui qui s’était laissé aimer et qui croit, dès cette heure-là, que le Seigneur est vivant. Non pas qu’il est revenu à sa vie d’avant, mais qu’il est vivant de la vie de Dieu. Cette vie que Dieu veut donner à chacun d’entre nous. Cette vie qui nous est donnée par amour, parce que Dieu nous aime tous, et qui se reçoit dans l’amour. Et cette vie, on la voit surgir, quand un homme ou une femme sort du tombeau de sa rancune, de sa haine ou de sa violence. On la voit quand quelqu’un sort du tombeau de son égoïsme, du moi d’abord démesuré, qui écrase tous les autres, ou encore du culte de soi, tellement actuel. Cette vie, on la voit lorsque quelqu’un se dégage du tombeau de ses échecs, ou parvient à sortir de ses peurs.

 

À l’aube du monde, dans la genèse des tout-débuts, tout a commencé dans un jardin, en Éden, et tout re-commence dans un jardin.

 

Mais depuis cette Pâque-là, nous savons que Dieu veut ses enfants vivants, qu’Il les veut auprès de Lui. Et si nous acceptons de nous laisser aimer, alors tout est possible… oui l’amour fait tout.

Il permet de voir, il fait vivre…

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